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Article de La Montagne du 25-09-16

Le Porto Alegre des alter-localistes de la Montagne limousine vient de s’achever

Après Tarnac, en Corrèze, La Nouaille, en Creuse, a accueilli la fête de la Montagne limousine ce week-end. Un évenement à la fois militant, ouvert et joyeux. Cette fête touche les trois départements et participe à  démystifier l’image rebelle  d’acteurs de la vie locale qui n’hésitent pas à bousculer les institutions.

«On n’a jamais vu autant de monde à La Nouaille », s’exclame Robert, qui a présidé le comité des fêtes de cette commune de 250 habitants avec son épouse Éliane. Robert, qui a bien aimé « le Mur de la mort » est allé à la chasse samedi matin, mais il a tenu ensuite à se fondre dans la masse de cette jeunesse du Plateau que ses copains chasseurs affublent parfois de quelques noms d’oiseaux. Les gendarmes de Felletin, eux, ont pris en photo quelques-uns des grands calicots contestataires.

« C’est une fête rurale, mais avec de la profondeur »

La fête de la Montagne limousine n’est pas exactement un comice agricole. L’événement est difficile à définir, tentons : forum social local??.« Nous venons de l’Aude. Notre fils vit à Tarnac. Dans le sud, il y a de belles fêtes rurales mais il n’y a pas ce côté militant. Ici, on passe un bon moment, mais il y a aussi de la profondeur, », observent Hélène et Jean-Louis. Laurent Richard et Line Boulonne ont justement fait le déplacement des environs de Guéret pour participer à une fête qui « a du sens ». Ils ont posé leur camping-car dans un pré pour les trois jours : « Nous avons suivi l’atelier de cartographie populaire. J’aime bien en général ce que produit l’association Quartier Rouge de Felletin », indique Laurent. Le déploiement festif, artisanal et associatif était plus ramassé dans le bourg et peut-être moins ambitieux qu’à Tarnac l’an passé. Samedi, cela provoquait autour de l’église une densité humaine plutôt flatteuse pour les organisateurs.Frappante était encore à La Nouaille, la forte présence des jeunes couples avec enfants (un espace était d’ailleurs dédié aux petits).Quand on la concentre ainsi dans un même lieu, la vitalité du Plateau éclate. Et justement, il est toujours plus difficile de s’éclater dans un territoire où tout est éparpillé : « Pour moi, c’est vraiment l’occasion de croiser plein d’amis d’un coup. Pour se voir, sur le Plateau, on est toujours obligé de faire beaucoup de route », explique Béatrice, de Gentioux.

La fête de la Montagne limousine reprend en somme la vocation sociale des grandes foires aux bestiaux d’antan, à l’heure ou l’on vend des veaux par vidéotransmission. Ce qu’ont aimé Béatrice et sa copine Monique de Vallière, c’est « la petite chorale de Faux et de Gentioux à l’église », même si elles ont participé aussi aux tables rondes. Lilou, Marianne, Laurie et Nana vivent dans différentes communes « montagnardes » : « On s’est donné rendez-vous ici. Alors d’abord, on se retrouve, ensuite on regarde le programme ». Comme ça, c’est clair.

« Pour une fois que ça bouge dans le pays »

Laurence Fidry est Guérétoise et elle découvre cette fête rurale « où les gens ne participent pas en simples consommateurs. Et qu’est-ce qu’on y mange bien. Ça change des merguez et des frites bien grasses?! » Le rock proposé autour du Mur de la mort était peut-être un peu moins diététique, mais, en croisant Anthony et Tim, deux gaillards de Vallière on sentait bien que ce programme-là était davantage susceptible de les rassasier que les danses des Veilhadours des Bruyères : « Pour une fois que ça bouge dans le pays, on ne va pas louper ça », tranche Jérémy.

Il faudra encore peut-être quelques éditions avant qu’on puisse parler d’osmose entre l’important noyau militant de ce territoire et une population moins active au plan social et politique, mais il y a des fils qui se tissent : à La Nouaille, la défense des écoles rurales était un thème rassembleur. L’ambition ultime de la fête de la Montagne limousine n’est-elle pas de faire se rencontrer autour d’une bière (du Plateau) et d’une pizza (du Plateau), le zadiste et le carpiste?? Pendant tout le week-end, les chasseurs de La Nouaille, fair-play, avaient pris soin de poursuivre les sangliers loin du bourg.

Julien Rapegno

La question de l’accueil des réfugiés sur le Plateau au coeur des préoccupations

Beignets à la noix de coco du Congo, shoarma irakiens, pain à la feta albanais, falafels soudanais : les plats du monde ont fait un tabac à La Nouaille, samedi. « On en a vendu deux fois plus que prévu », se réjouissait une bénévole de Montagne accueil solidarité (MAS). Les deux associations, MAS et la Cimade, qui accompagnent les réfugiés sur ce territoire, ont participé à la fête avec une cinquantaine de leurs protégés. Le film documentaire consacré à Riace, ce village de Calabre, qui a inversé sa courbe démographique grâce aux réfugiés (400 actuellement sur 2.000 habitants) a fait un tabac à La Nouaille, où il était présenté en avant-première.

Faisant fi de la crispation politique sur le sujet, de nombreuses communes du Plateau mettent en place un réseau de familles d’accueil et de logements passerelles, à destination notamment des plus fragiles de ces réfugiés : les déboutés du droit d’asile.
Vingt-cinq personnes bénéficient actuellement de ce « filet solidaire » à Eymoutiers et à Peyrelevade, où sont implantés les CADA, mais des communes comme Peyrat-le-Château, Saint-Martin-Château ou Faux-la-Montagne se sont mis dans la boucle. MAS est en train d’acquérir une maison à Tarnac (un appel de fonds est lancé). Une rumeur inquiète toutefois les associations : la « réquisition » du village de vacances de Pierrefitte (Beaumont-du-Lac), afin d’y installer 200 migrants transférés de Calais. Pour Xavier Dubois, administrateur de MAS, cette solution de masse va à l’encontre de la stratégie d’intégration développée par les associations : « Là-bas, les migrants seront bloqués et ne rencontreront personne ».

Voir en ligne :
http://www.lamontagne.fr/limousin/actualite/departement/creuse/2016/09/25/le-porto-alegre-des-alter-localistes-de-la-montagne-limousine-vient-de-s-achever_12086292.html

Article de La Montagne du 24-09-16

Entre four à pain, musette et rock n’ roll, la fête de la Montagne limousine monte en chauffe

Expédition à La Nouaille, vendredi soir. Un bourg du plateau de Millevaches  où,  jusqu »à dimanche soir,  se tient une fête étonnante, placée sous le signe du mélange des genre et et des gens.

Coucher de soleil sur les hautes collines, ultimes braises d’un été andalou en Limousin. La voiture quitte l’axe Clermont-Limoges et s’engage sur l’une de ces routes qui vont toutes plus ou moins vers le sud. Elles sont étroites et s’entrelacent sans aucune hiérarchie entre elles. C’est déjà l’anarchie. Dans le halo des phares, un renard plonge dans les fougères. Des bois, encore des bois, pas plus de trois cents mètres de ligne droite à la fois et toujours pas un chat. On passe à Banize, on franchit la Banize, on frôle le domaine de Banizette on tombe sur un autre Banize et voilà La Nouaille. Il y a de la lumière.

Tout un quartier de Felletin délocalisé

Près du cimetière se dresse un chapiteau pointu. C’est le Mur de la mort. Il parait que des motards y tournent en rond durant des heures, tels des déments. Sur la scène, Vlad, le président autoproclamé du Vladkistan, harangue la foule. On se dit que ce qui est fou, c’est de tomber sur une fête en plein air et nocturne en cette saison, si loin de toute agglomération conséquente. Officiellement, ce n’est même plus l’été mais s’est laissé dire que sur la Montagne limousine, on ne raffole pas de ce qui est officiel.
Dans le coin, ils sont en tout cas habitués à slalomer la nuit entre les renards et les blaireaux. Il ne faut pas être rebuté par les routes qui donnent le tournis sur le plateau de Millevaches si l’on veut passer un moment en bonne compagnie.
Sur le parquet près de l’église, tournoie Jacques Georget, le maire de La Nouaille, en bonne compagnie.
C’est son camarade Luc Escoubeyrou, le maire de Banize, qui mène le bal avec un irrésistible trad-musette.
Dans le champ près du cimetière, tout un quartier de Felletin s’est délocalisé : les bécanes rugissent et les basses font trembler les feuilles, encore bien accrochées aux rameaux.
C’est le tour de chauffe de la fête de la Montagne limousine. La Nouaille n’a pas encore rallumé poêles et cheminées. Dans ses rues il y a des caravanes qui fument : crêpes, gaufres, soupes, rien que des produits locaux. Les meilleurs food trucks de la Montagne ont été convoqués, ainsi qu’une brigade de pizzaïolos déchaînés.
Vendredi soir, vers 22 heures, les boulangers du plateau sortaient leurs premières miches d’un four pas banal quoiqu’historiquement collectif : « Il se trouve sous la maison de mes grands-parents. Autrefois, on y faisait du pain pour sept familles », éclaire Jean-Marie Caunet, l’adjoint au maire, qui est aussi celui qui a fait lever la pâte de cette fête à La Nouaille.

Le four était éteint depuis cinquante ans

Ce four de village n’avait pas fonctionné depuis cinquante ans : « Jean-Marie nous l’a dérhumé depuis un mois et demi, c’est-à-dire qu’il en a chassé l’humidité », explique Nicolas Sibert, boulanger-paysan à Gentioux.
Nicolas a rameuté ses camarades boulangers qui « travaillent au levain naturel » à Meymac, Faux-la-Montagne, La Rochette ou Saint-Quentin-la-Chabanne pour une belle nuit de cuisson confraternelle. Le pain 100 % local qui est défourné depuis vendredi est vendu au profit de la fête. Dans le bourg de la Nouaille, les fenêtres et des portes étaient ouvertes, en cette belle nuit d’automne. Sur le Plateau de Millevaches, il faut brûler la belle saison par les deux bouts. Ne pas en perdre une miette. « Les gars de l’ACCA m’ont dit qu’ils iraient chasser loin du bourg ce week-end », sourit Jean-Marie Caunet. Il se pourrait même qu’on voit quelques chasseurs trinquer avec des jeunes venus d’ailleurs autour d’une Felis ou d’une 1.000. Car s’il y a un sujet qui fait consensus, c’est que ces « néos », ils font du bon pain et de la bonne bière. En outre, ils savent assembler les ressources et énergies locales pour faire la fête.

Julien Rapegno

Voir en ligne :
http://www.lamontagne.fr/limousin/actualite/departement/creuse/2016/09/24/entre-four-a-pain-musette-et-rock-n-roll-la-fete-de-la-montagne-limousine-monte-en-chauffe_12085600.html

Jours de fête

Magazine du plateau n°227, novembre-décembre 2015

Trois jours ensemble. Les 25, 26 et 27 septembre 2015 à Tarnac, une foule de gens s’est donnée rendez-vous lors de la Fête de la Montagne limousine pour partager, échanger, imaginer et penser collectivement la vie de ce bout de territoire . Un programme riche et pour tous les goûts, à partir duquel chacun aura pu se composer un menu copieux. Télé Millevaches était présente pour proposer un atelier vidéo, matière première de ce Magazine du plateau. Retour sur une fête aux multiples facettes.

Radiovassiviere.com / Bernard Combi en liberté à Tarnac…

Bernard Combi a ouvert la fête de la montagne limousine vendredi 25 septembre devant près de 200 spectateurs. Depuis 25 ans, le poète uzerchois fait vivre le chant de tradition limousine, entre occitan, français, blues et improvisation slam. 

Pancho et Antonia, bénévoles à Radio Vassivière, l’ont interviewé au Magasin général. Ils ont parlé de tout, notamment de son mal de vivre. Un entretien entrecoupé d’extraits de son spectacle en plein air (merci à Fabien Francisco pour l’illustration).

Voici le lien: radiovassiviere.com/2015/09/bernard-combi-en-liberte-a-tarnac/